Les Vert.e.s demandent la fin du gel des relations Suisse-UE!

En rompant unilatéralement en mai 2021 les négociations avec l’Union européenne après 7 années de travaux – sans plan B et sans consulter le Parlement, les cantons ou la population – le Conseil fédéral a laissé derrière lui un champ de ruines en matière de politique européenne.

Il y a un an, les Vert.e.s suisses ont adopté à la quasi-unanimité une résolution visant à «renouveler la politique européenne». Nous avions ainsi posé les bases programmatiques d’une politique européenne actualisée: une politique qui considère la Suisse comme une partie de l’Europe géographique certes, mais aussi sur le plan social, historique, économique et culturel; une politique qui ne met pas l’accent sur les oppositions nationales, mais sur la coopération transfrontalière – situation que nous connaissons bien à Genève.

Une politique qui ne se contente pas de se tenir à l’écart, en Suisse prétendûment souveraine, mais un Etat qui désire contribuer à façonner ce continent, qui veut contribuer à le rendre plus vert, plus social, plus engagé pour la paix et les droits humains dans le monde. Ce travail, les Vert.e.s l’ont donc largement entrepris. Nous avons posé les jalons pour être à nouveau une voix politique constructive dans le débat européen.

Cet engagement est plus nécessaire que jamais! Car ce Conseil fédéral et ce Parlement ont montré ces deux dernières années qu’ils n’avaient ni la volonté ni la capacité de régler nos relations avec notre principal partenaire sans que nous les y contraignions.

Inexorable érosion…

La voie bilatérale avec l’Union européenne (UE) qui nous a non seulement assuré la prospérité, mais aussi et surtout apporté des progrès sociaux comme la libre circulation des personnes et la fin du statut de travailleur saisonnier, s’érode ici et maintenant, inexorablement. Elle est à bout de souffle.

Demandez aux étudiantes et étudiants qui ne peuvent plus participer que de manière très limitée aux programmes d’échange européens. Demandez aux universités et aux chercheurs de Suisse qui sont de plus en plus exclus de la coopération européenne en matière de recherche. Demandez aux ONGs dont le siège est à Genève qui sont de plus en plus exclues des financements de l’UE, principal contributeur dans le monde pour les ONGs s’engageant en faveur des droits humains, de l’environnement et de la paix.

N’en jetez plus. Les dégâts se font largement sentir. Pire, dans tous ces domaines, et bien d’autres, aucune solution n’est en vue: Le Conseil fédéral ne veut pas s’engager dans de nouvelles négociations; le Parlement ne veut pas élaborer de loi européenne; les partis gouvernementaux ne veulent pas ouvrir ce dossier sensible en cette année électorale.

Au-delà des beaux discours et des fausses intentions, tous jouent la montre et s’accommodent de l’érosion des relations. Tous ont peur d’une division interne et d’une perte de pouvoir.

Sujet toxique

La politique européenne est aujourd’hui devenue un sujet toxique jusqu’au centre de l’échiquier politique, car nous l’avons laissée pendant 30 ans à l’UDC, aux nationaux-conservateurs et aux forces libérales de ce pays: ils ne veulent pas de la libre circulation des personnes, mais la réintroduction du statut de saisonnier. Ils ne veulent pas de sanctions européennes communes contre le régime de Vladimir Poutine, mais continuer à gérer l’argent des oligarques. Ils ne veulent pas d’une contribution suisse à la cohésion, mais encore davantage de baisses d’impôts dans les cantons à faible fiscalité. Ils ne veulent pas d’une protection européenne du climat ou des consommatrices et consommateurs, mais une Suisse qui pratique le dumping réglementaire et prospère ainsi aux dépens de ses voisins.

Sans réaction, l’érosion des relations nous mènera au rêve du camp bourgeois: le Singapour alpin. La Suisse conservera l’accord de libre-échange avec l’Union européenne et se maintiendra en conséquence dans l’espace Schengen et Dublin. Elle ferait fi de tout le reste.

Or, c’est tout le reste qui importe si nous voulons promouvoir une société solidaire, inclusive, respectueuse des droits humains et écologiste! Pendant que les présidents Chiesa (UDC) et Burkart (PLR) rêvent d’une Suisse qui a les mêmes relations avec l’UE qu’avec la Chine, il est temps d’exiger bien plus. Malheureusement, ce sont bien les bourgeois qui gouvernent aujourd’hui ce pays.

Croyez-vous que les négociations ont échoué parce que les Cassis, Parmelin, Keller-Sutter – et avant eux les Blocher et Maurer – exigeaient davantage d’égalité des salaires, de protection sociale et d’engagement de la Suisse dans les programmes environnementaux européens? A l’évidence, non!

L’initiative Europe pour avancer avec l’UE

La réalité est tout autre. Nous vivons dans un monde interconnecté et globalisé. De plus en plus de défis ne peuvent être résolus qu’en commun, qu’en dépassant les frontières nationales. La crise COVID et la guerre en Ukraine le montrent clairement: nous sommes tributaires de la coopération avec l’Europe pour l’approvisionnement médical tout comme pour l’électricité. Telle est la réalité sur laquelle s’appuie l’Initiative Europe qui prône une relation forte et stable avec l’UE. 

L’Initiative Europe que nous lançons concrétise le nouveau souffle dont notre pays a besoin pour ne pas s’asphyxier. Une Suisse sûre d’elle qui, avec ses voisins européens, s’attaque aux grandes questions de notre temps: le climat, la paix, la démocratie.

Il y a 9 ans, Berne et Bruxelles ont commencé à négocier un accord institutionnel. Il est temps aujourd’hui d’augmenter la pression sur le Conseil fédéral. C’est exactement l’objectif visé par l’Initiative Europe. Il est temps de passer à l’offensive en matière de politique européenne et de lancer le débat de fond qui s’impose. Année électorale ou pas.

>> S’engager pour l’Initiative Europe