La flottille a eu chaud. Elle reste en état d’alerte après les attaques subies, dans la nuit de mardi à mercredi, au large de la Grèce. Une douzaine d’explosions ont visé les navires en route vers Gaza. Quatre ont été touchés par des projectiles incendiaires ou contenant des produits chimiques non identifiés. Les dommages sont légers, personne n’a été blessé.

L’attaque en eaux internationales, imputée à Israël, s’est accompagnée d’un brouillage des communications, précise la délégation suisse réunie sous la bannière de l’association Waves of Freedom (les vagues de la liberté). Celle-ci condamne le «silence complice» de la Suisse, tandis que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme exige que «cessent ces attaques», ajoutant que «ceux qui sont responsables de ces violations doivent être poursuivis».

Les mâts visés

Sur les vidéos filmées par les équipages, on mesure la violence des détonations. Des éclairs déchirent la nuit, des cris résonnent. «C’était impressionnant, raconte Timothée Crettenand, géographe et enseignant dans un collège lausannois. J’étais de garde, j’ai vu les explosions à une trentaine de mètres.» Le Vaudois est à bord du voilier Snap avec des coéquipiers de cinq nationalités, dont un reporter de guerre. Il en est convaincu, les mâts étaient visés, on entend d’ailleurs un bruit métallique cinglant sur la vidéo rapprochée d’une explosion. «Un câble a été sectionné, les conséquences auraient pu être graves, note le navigateur. Mais on va bien, tout ça démontre une volonté d’intimider. Israël est dans la précision, comme quand il s’agit de cibler les civils gazaouis. Ce sont eux qui doivent rester le centre de l’attention, pas nous.»

«C’est une attaque inacceptable, du terrorisme d’Etat», tonne le conseiller national Nicolas Walder (Vert·es/GE). «La flottille, qu’elle plaise ou pas, ne présente aucune menace pour la sécurité d’Israël. Il s’agit de civils pacifiques qui transportent du matériel humanitaire. Le blocus, lui, est illégal. C’est même le pire des crimes que d’empêcher l’accès à l’aide humanitaire.» Le parlementaire écrira au chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), Ignazio Cassis, actuellement à New York aux Nations unies.

Waves of Freedom dénonce des attaques qui, «selon le droit international, constituent des violations graves des Conventions de Genève et des mesures de la Cour internationale de justice, qui exigent la libre circulation de l’aide humanitaire vers Gaza». L’association déplore par ailleurs que sa lettre ouverte envoyée début septembre au DFAE soit restée sans réponse. Elle était cosignée par une vingtaine d’élu·es, dont la présidente des Vert·es suisses, Lisa Mazzone, et le président du PS fribourgeois, Thomas Gremaud, ainsi que 1500 citoyen·nes. «Ce silence, ajouté à l’absence de réaction publique face aux menaces israéliennes, équivaut à une approbation tacite et met directement des vies civiles en péril», conclut la délégation suisse de la flottille.

Frégate italienne

Le DFAE assure tenir compte de ces interpellations. Son porte-parole, Nicolas Bideau, précise que le département est intervenu ce mercredi auprès des autorités israéliennes à Berne «afin d’exiger le strict respect du droit international, en particulier maritime, humanitaire et des droits de l’homme, pour les participant·es suisses de la flottille». Le DFAE déconseille de se rendre dans la bande de Gaza; les personnes qui en décident autrement le font sous leur propre responsabilité. Pour le reste, ajoute Nicolas Bideau, «toute intervention à l’encontre de la flottille doit respecter les principes de nécessité et de proportionnalité. La protection des civils doit en tout temps être assurée». Et en cas de grabuge pour la flottille? «La Suisse apportera l’assistance consulaire prévue par la loi, assure le DFAE. Notamment pour des conditions de détention conformes à la dignité humaine, des garanties de procédure et du droit à une défense.»

L’Italie a, elle annoncé l’envoi d’une frégate militaire, le Virginio Fasan, pour garantir l’assistance à ses ressortissant·es présent·es sur la flottille. Une conséquence des manifestations monstres et du blocage des ports par les dockers dans plusieurs grandes villes? Les 500 volontaires civil·es de la Global Sumud Flotilla espèrent accoster dimanche à Gaza mais s’attendent à être arraisonné·es dès ce jeudi par Israël.

>> Lire l’article sur le site du Courrier (25.09.2025)