Les EMS au cœur des enjeux du grand âge
Le nombre de personnes de plus de 80 ans devrait doubler d’ici à 2040 et les établissements médico-sociaux (EMS) affichent pourtant déjà complet, les soins à domicile tournent à plein régime. Nicolas Walder livre dans la Tribune de Genève (16.08.2023, gratuit) des pistes pour l’accueil et l’accompagnement des seniors dans le canton.
«Tout comme des classes supplémentaires avaient été ouvertes lorsqu’ils étaient enfants, l’arrivée des baby-boomers au grand âge nécessitera la création de capacités supplémentaires dans les soins de longue durée», rappelle l’Observatoire suisse de la santé (Obsan) dans un récent rapport. Le nombre de personnes de plus de 80 ans devrait doubler d’ici à 2040 et les établissements médico-sociaux (EMS) affichent pourtant déjà complet, les soins à domicile tournent à plein régime. Si ce constat peut faire craindre quant à notre capacité à accompagner le grand âge, il doit surtout nous inciter à rechercher des solutions et à faire évoluer les modèles de prise en charge existants. Le défi est de taille, tant pour les autorités que pour les acteurs de réseau.
Le canton devra rattraper son retard et rapidement prendre des mesures en faveur de la construction de nouveaux EMS. Mais ce n’est certainement pas la seule option. Les EMS ont beaucoup à apporter en matière de prestations aux seniors. Ils disposent des connaissances et compétences dans le domaine de l’accompagnement du grand âge et concentrent une grande diversité de prestations, que ce soit dans les soins, l’hôtellerie, l’animation socioculturelle, l’administration ou encore la restauration. Longtemps considérés comme des institutions fermées, ces lieux de vie ont plus que jamais un rôle central à jouer dans les quartiers et les communes. En s’ouvrant sur leur environnement de proximité, ces établissements participent directement à la qualité de vie des personnes âgées.
En témoignent plusieurs EMS qui, aujourd’hui déjà, diversifient leurs prestations, en proposant l’accueil de jour avec repas et activités sociales, la livraison de repas à domicile, le soutien administratif ou encore l’accueil temporaire de quelques jours afin d’offrir un peu de répit aux proches aidants. Certains ont aussi développé des structures d’habitat adapté et évolutif, répondant au souhait d’une large partie de la population de pouvoir rester le plus longtemps possible à domicile. S’ajoutent à cela des partenariats au sein du réseau santé-social entre les EMS, les foyers de jour, les soins à domicile et les hôpitaux, qui unissent ainsi leurs forces pour assurer la qualité de vie des seniors qui ont besoin de soutien. Pour sa part, la Fédération genevoise des structures d’accompagnement pour seniors (Fegems) veut fédérer un réseau d’acteurs dans le but de favoriser des transitions douces entre domicile privé, structures intermédiaires et établissement de long séjour.
L’annonce du Conseil d’État lors du discours de Saint-Pierre de faire de la politique du grand âge une priorité de cette législature et sa décision d’intégrer le secteur des EMS à la politique des seniors pilotée par le Département de la cohésion sociale sont des bonnes nouvelles. Cette orientation laisse augurer le développement du rôle social de proximité des EMS et, ce faisant, le renforcement et la valorisation de la place des seniors au cœur de notre société.