Le conseiller fédéral Parmelin s’est rendu à Pékin début juillet pour négocier une extension de l’accord de libre-échange – datant de 2014 – avec la plus grande dictature au monde, la République populaire de Chine. Après la signature d’un accord avec l’Inde, il entend poursuivre sur sa lancée avec le Mercosur et la Chine. Deux dossiers qui soulèvent de nombreuses critiques en Suisse, l’un principalement pour des questions de déforestation et d’augmentation des quotas de produits agricoles, l’autre en raison des violations massives des droits humains et des risques sécuritaires.

Pourtant, les accords de libre-échange (ALE) font figure de vestiges d’une politique irresponsable faisant fi des conséquences négatives de l’intensification du commerce international: baisse des recettes fiscales et de la compétitivité des produits locaux; affaiblissement de la démocratie face aux prérogatives octroyées aux multinationales; croissance des échanges internationaux et de la consommation au détriment de l’environnement.

Echec du «changement par le commerce»

D’autant plus irresponsable que la politique du «changement par le commerce» a échoué: elle n’a conduit ni à la démocratisation, ni au développement social, tout en précipitant la planète dans une impasse climatique. Un exemple? D’aucuns espéraient qu’une ouverture de l’économie mondiale à la République populaire de Chine conduirait à sa démocratisation. Illusion! Le Parti communiste, depuis l’arrivée de Xi Jinping, a accéléré sa marche vers une société totalitaire orwellienne broyant opposants politiques et minorités ethniques, en particulier tibétaine et ouïgoure.

Des crimes largement documentés par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Face à ces exactions et malgré nos demandes répétées, la Suisse refuse de reprendre les directives et sanctions de l’UE contre les produits issus des camps de travail forcés dans la région du Xinjiang et leurs responsables. Ces biens produits sous la contrainte sont ainsi importés sans limites dans notre pays tout en bénéficiant d’allégements douaniers grâce à l’accord de libre-échange en vigueur. C’est honteux!

Au-delà, la puissance économique chinoise représente aussi un risque pour la stabilité internationale, avec les attaques répétées, violentes et assumées contre ses voisins et en particulier Taïwan, ainsi que contre l’ordre international et les États démocratiques. C’est pourquoi la plupart des pays occidentaux – États-Unis, France et Allemagne en tête – renforcent leur résilience en interdisant par exemple l’importation de technologies des groupes chinois Huawei et ZTE dans leurs réseaux 5G.

Ferme opposition

A contrario, le Conseil fédéral veut ouvrir encore plus grande la porte aux produits et entreprises chinois malgré le danger pour notre souveraineté. C’est irresponsable. Le Conseil fédéral doit exclure les secteurs stratégiques de cet accord et exiger un chapitre contraignant sur les droits humains, sociaux et environnementaux. Faute de quoi, avec les Vert·e·s, nous nous y opposerons.

>> Lire l’article sur le site de la Tribune de Genève (02.08.2024, gratuit)