>> Voir la vidéo de l’intervention: 

 

Notre Commission de politique extérieure vous propose, à l’unanimité, d’approuver le rapport sur la politique économique extérieure 2024 ainsi que le rapport sur les mesures tarifaires prises en 2024. Notre commission a salué la richesse de ce rapport, sur la forme tout d’abord: un compte rendu clair, circonstancié et structuré de telle sorte qu’il pose très bien les enjeux qui se sont présentés à la Suisse et la manière dont notre pays les a abordés durant l’année. La commission a aussi salué le rapport sur le fond, à savoir la manière dont la Suisse s’est activée au quotidien pour assurer sa prospérité et des débouchés pour ses entreprises à l’international.

La commission a d’ailleurs profité de cet exercice pour réaffirmer son soutien à une politique économique ouverte sur le monde. Les échanges sont indispensables pour un petit pays comme le nôtre, avec un marché restreint et des ressources naturelles limitées, un pays dont la prospérité dépend de ses échanges avec l’étranger, en premier lieu avec ses voisins européens.

Mais, voilà, ce rapport dresse le bilan de l’activité et l’état des lieux de notre politique économique extérieure en 2024, autant dire, une autre époque. Car, en ce début d’année 2025, nos relations économiques avec l’extérieur sont on ne peut plus chahutées. Elles sont toujours largement affectées par la guerre d’agression de Poutine en Ukraine ainsi que par d’autres conflits sanglants comme ceux en Palestine, au Soudan ou encore en République démocratique du Congo. A cela est venu s’ajouter la méthode Trump, soit des décisions unilatérales soudaines et brutales, en rupture totale avec le traditionnel soutien de Washington à l’ordre international. Le recours de plus en plus fréquent, d’ailleurs, à la force dans les relations entre Etats met à mal le droit international et le multilatéralisme dont dépend largement notre pays pour sa prospérité et sa sécurité.

Pour notre commission, les signaux inquiétants pour l’économie suisse sont nombreux. Qu’il s’agisse du dossier sensible des puces électroniques, de l’imposition brutale et unilatérale de droits de douane à plusieurs de nos partenaires, du classement de la Suisse comme pays aux pratiques commerciales déloyales ou encore des menaces d’annexion de territoires souverains, y compris en Europe, les impacts sur notre pays et sur notre tissu économique de la politique du gouvernement Trump pourraient être majeurs. Si on ajoute à cela le risque réel de mesures tarifaires qui pourraient être décrétées unilatéralement à l’encontre de notre pays, il était tout à fait justifié pour notre commission de se pencher longuement sur nos relations avec les Etats-Unis.

L’importance de notre relation avec l’Union européenne (UE) a également été rappelée par notre commission. Vu la situation internationale, une large majorité de notre commission considère un rapprochement avec l’UE plus important que jamais et salue l’aboutissement des négociations autour des Bilatérales III. Ce paquet d’accords est aujourd’hui incontournable si l’on entend stabiliser nos relations avec nos plus importants partenaires, des accords qui ouvriraient aussi la porte à des rapprochements dans d’autres domaines stratégiques, comme la recherche, la lutte contre le changement climatique, la sécurité ou le secteur numérique.

La commission a aussi salué l’importance prise, dans le rapport 2024, par les questions environnementales et sociales. C’est un signal positif. Certains membres ont en revanche regretté le peu de mesures réellement contraignantes pour les entreprises et l’absence de suivi concret sur leur mise en oeuvre.
Enfin, notre commission est revenue sur l’épineuse question, soulevée tout à l’heure par notre collègue Michaud Gigon, du développement d’une stratégie industrielle qu’une partie de la commission soutient. Des craintes ont en effet été exprimées que, en l’absence d’une stratégie claire, la Suisse puisse faire les frais d’une logique de blocs qui ne fait d’ailleurs que se renforcer. Une telle stratégie serait aussi l’occasion d’évaluer l’intérêt pour la Suisse de participer à des plans d’investissement et d’industrialisation que met en place par exemple l’UE dans différents domaines, dont la protection de l’environnement, la sécurité ou le domaine numérique.

Le rapport a encore suscité des questions sur l’avancement de plusieurs dossiers, comme celui du dialogue de travail tripartite avec la Chine et celui de l’application et du contrôle des sanctions contre la Russie dans le secteur des matières premières, ou sur le calendrier et le contenu de l’accord de libre-échange avec le Mercosur, ou encore sur les possibilités d’intensifier les échanges économiques avec plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, autant de points que nous suivrons de près cette année et qui seront détaillés à n’en point douter dans le prochain rapport.

En conclusion, l’époque où notre politique économique extérieure pouvait s’appuyer sur des règles communes largement respectées est, semble-t-il, révolue, et la Suisse devra apprendre à créer des alliances au coeur d’un monde chahuté par les politiques impériales belliqueuses de pays parmi les plus puissants de la planète. Si la stratégie de politique économique extérieure va assurément susciter encore de riches débats, le rapport qui nous est soumis ici, y compris celui sur les mesures tarifaires 2024, mérite notre plein soutien, autant pour sa qualité que sa fidélité à la politique menée en 2024.

>> Lire l’ensemble du débat du 12.03.2025