Face à son propre électorat, qui reste majoritairement favorable à l’initiative pour une 13e rente AVS, l’UDC n’hésite plus à diviser la population en vue de lavotation du 3 mars en s’en prenant cette fois aux retraité·e·s vivant à l’étranger, et ce, avec un cynisme déconcertant. L’UDC déplore en effet dans son plaidoyer que plusieurs milliards de francs serviront à financer ce qu’elle appelle des «rentes de luxe» versées à l’étranger alors même que ces seniors ne participeraient pas à la richesse du pays.

Quel manque de reconnaissance pour des personnes qui, après avoir contribué toute leur vie à la prospérité de notre pays, ont décidé de passer tout ou partie de leur retraite à l’étranger! Quel cynisme sachant que cet exil est souvent lié à la faiblesse des rentes AVS. Celles-là même que l’UDC et les partis bourgeois n’ont jamais voulu adapter à la hausse. Comment en effet vivre dignement en Suisse avec, en moyenne, une rente à 1800 francs par mois? Quel manque de respect aussi pour nos Suisses vivant à l’étranger qui participent pleinement au rayonnement de notre pays. De nos valeurs, mais aussi de notre économie, qui est, rappelons-le, principalement tournée vers l’exportation.

Enfin, de tels arguments sont fallacieux. D’abord parce que l’AVS est une assurance sociale et que nos aîné·e·s peuvent dépenser leurs rentes comme bon leur semble, sans lien avec les recettes fiscales. Certains font le choix de les dépenser en vacances à l’étranger. D’autres, comme Christoph Blocher, d’acquérir une énième œuvre deFerdinand Hodler. De même pour les loisirs de nos retraités du Conseil fédéral eux aussi rentiers, Pascal Couchepin, Joseph Deiss, Johann Schneider-Ammann ou Adolf Ogi. Il ne nous appartient pas de juger de leurs choix, bien que la décence eût peut-être commandé davantage de retenue de leur part dans la campagne lorsque l’on connaît le montant de leur rente.

Ensuite parce que les bénéficiaires de l’AVS vivant à l’étranger, avec souvent des retraites modestes, font économiser plusieurs  milliards de francs annuellement à la Confédération, aux cantons et aux communes en prestations complémentaires auxquelles ils et elles n’ont pas droit. Ces mêmes retraité·e·s qui n’utilisent ni les services de santé (hôpitaux, soins à domicile, etc.) ni les nombreuses prestations destinées aux ainé·e·s et subventionnées par nos cantons, communes et institutions publiques.

Enfin, il faut encore relever que, en plus de leur rôle d’«ambassadeurs» à l’étranger, ces aîné·e·s accueillent souvent leur famille durant les vacances scolaires, déchargeant ainsi les parents tout en offrant des vacances dépaysantes à moindre prix. Non, les retraité·e·s vivant à l’étranger ne méritent pas d’être dénigrés de la sorte. Et si vous êtes vraiment sérieux quant à réduire le nombre d’aîné·e·s obligés de s’expatrier, alors votez oui le 3 mars prochain pour la 13e rente, afin que toutes et tous puissent choisir de vivre dignement en Suisse à leur retraite.

>> Lire le texte sur le site de la Tribune de Genève (26.02.2024)