«La Suisse continue d’alimenter grassement le régime russe par son addiction aux énergies fossiles», a dénoncé lors du débat urgent du Conseil national sur la situation en Ukraine le 16 mars Nicolas Walder. «Il faut cesser l’importation des énergies fossiles, inviter la population à la sobriété, accroître la pression des entreprises pour qu’elles cessent leur collaboration avec la Russie et la Biélorussie: isoler économiquement, sportivement et culturellement la Russie», a résumé letemps.ch.

 

A Kyiv, le 24 février, l’insouciance et les rires d’enfants ont été remplacés par le bruit de bottes, les pleurs, les cris et la mort. Le bombardement d’une maternité ou d’une centrale nucléaire ont imprimé l’horreur et la folie de cette guerre barbare dans nos esprits, tout comme est déjà gravé dans nos coeurs le courage des Ukrainiennes et des Ukrainiens prêts à se sacrifier pour leur liberté. J’aimerais, au nom de mon groupe, leur dire toute notre admiration et notre solidarité dans la tragédie qu’ils sont contraints – oui, contraints – d’endurer.

Face à tant de souffrance, le Conseil fédéral a eu amplement raison de condamner rapidement et avec fermeté l’invasion russe totalement illégale et illégitime. Il a également eu raison de décider d’appliquer scrupuleusement les sanctions de l’Union européenne à l’encontre de Poutine, son régime et son pays. Nous appelons le Conseil fédéral à poursuivre sur cette voie en reprenant systématiquement toutes les sanctions de l’Union européenne, même si le conflit venait à durer.

Insupportable!

Mais, pour les Verts, ce n’est pas suffisant. Car la Suisse continue de financer grassement la machine de guerre du Kremlin par son addiction aux énergies fossiles. Et si les importations de fioul et de gaz nous permettent de finir l’hiver bien au chaud et d’alimenter nos 4×4 pour aller skier, les Ukrainiennes et les Ukrainiens, eux, meurent sous les bombes financées par nos devises. Mesdames et Messieurs, c’est insupportable! Il faut donc cesser rapidement toutes les importations de gaz et de pétrole en provenance de Russie, en invitant notre population à plus de sobriété, participant du même coup à préserver notre planète. Parallèlement, nous devons accroître la pression sur nos entreprises pour qu’elles interrompent toutes leurs collaborations avec la Russie et le Bélarus, en commençant par les sociétés financières et de « trading ». Nous devons être prêts à isoler la Russie sportivement, culturellement et économiquement, jusqu’à ce que Vladimir Poutine comprenne que l’Ukraine ne lui appartient pas.

En matière militaire, notre pays doit garder la tête froide. S’il peut être judicieux de réévaluer aujourd’hui notre stratégie de défense, cela doit inclure les menaces contemporaines, telle la cybersécurité, et tenir compte d’éventuelles collaborations avec d’autres pays démocratiques. La réponse la plus durable pour la Suisse reste la promotion de la paix, le désarmement, y compris nucléaire, et la défense du droit international. C’est pourquoi notre pays doit redoubler d’efforts pour rappeler les règles du droit international, par exemple en tant que pays dépositaire des Conventions de Genève sur le droit international humanitaire. A cet effet, Monsieur Mahaim a interpellé le Conseil fédéral sur la possibilité de convoquer urgemment une réunion des hautes parties contractantes, afin de faire respecter les Conventions de Genève dans le cadre de l’agression russe en Ukraine.

Appel à un soutien généreux

La Suisse a bien sûr aussi un rôle à jouer en matière de solidarité. Nous devons soutenir très généreusement les Ukrainiennes et les Ukrainiens, financièrement et avec des produits alimentaires, du matériel médical, des couvertures et tout ce qui permettra d’éviter plus de morts et de souffrances, à l’heure où Vladimir Poutine n’hésite plus à cibler les civils. Parallèlement, alors que des milliers de familles suisses accueillent à bras ouverts des Ukrainiens et des Ukrainiennes fuyant la guerre, notre pays devra maintenir ses frontières largement ouvertes en démontrant ainsi qu’une politique d’asile humaniste est non seulement possible, mais encore fédératrice, autour de valeurs d’accueil qui nous sont chères. Cela est vrai, que la population en détresse vienne d’Ukraine ou d’Afghanistan.

De la victoire des Ukrainiennes et des Ukrainiens dépend bien plus que leur indépendance. C’est notre démocratie et notre mode de vie qui sont en jeu. C’est notre honneur également. Car, après des décennies à fermer les yeux sur les exactions commises par le Kremlin, après que certains, dans cet hémicycle, ont osé, il y a encore quelques semaines, tresser des louanges à Vladimir Poutine et à ses méthodes autocrates, après que notre cupidité nous a incités à ignorer tous les signaux d’alerte sur les dérives de Moscou, nous portons une part de responsabilité dans ce qui arrive à l’Ukraine. Il est venu le temps de l’assumer. Comme il est venu le temps de dire clairement à Vladimir Poutine que, tant qu’il violera leur territoire, nous serons toutes et tous des Ukrainiennes et des Ukrainiens.

>> Lire toutes les prises de parole du débat urgent sur l’Ukraine ici

>> Voir l’ensemble des mes interventions au Parlement fédéral ici